Aujourd’hui, le 11 avril, c’est la journée mondiale de la maladie de Parkinson ! Cette journée marque la date de naissance de Sir James Parkinson, un médecin britannique qui découvre la maladie en 1817 et la décrit à l’époque comme une « paralysie agitante ». C’est Jean-Martin Charcot, un neurologue français, qui proposera le nom de maladie de Parkinson en 1872.
Au Canada, on estime actuellement à plus de 100 000 le nombre de personnes vivant avec cette maladie. Spécialiste de la maladie de parkinson, Oury Monchi, directeur scientifique du CRIUGM et professeur titulaire au département de radiologie, radio-oncologie et médecine nucléaire de l’Université de Montréal répond à quelques questions pour nous aider à mieux comprendre cette maladie neurologique.
Qu’est-ce que la maladie de Parkinson ? Quelles en sont les causes ?
La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative caractérisée par la destruction des neurones dopaminergiques situés dans une région profonde du cerveau appelée « la substance noire ». Ces neurones fabriquent et libèrent de la dopamine, un neurotransmetteur grandement impliqué dans le contrôle des mouvements. Au début de la maladie, ce sont les régions profondes du cerveau qui sont atteintes puis au fur et à mesure que la maladie évolue la majorité du cortex cérébral est également touché. Les causes de la maladie restent encore inconnues.
L’hypothèse la plus plausible serait la combinaison de facteurs génétiques et environnementaux. Pour certaines personnes, des causes génétiques sont effectivement identifiées mais ce n’est pas la majorité des cas. C’est une maladie complexe qui touche plus les hommes que les femmes et qui peut se manifester de manière très différente d’une personne à l’autre et également entre hommes et femmes.
Quels sont les symptômes ?
La perte des cellules neuronales provoque un déficit en dopamine au niveau du cerveau. Ce déficit entraîne alors l’apparition de symptômes moteurs tels que des difficultés à initier le mouvement avec des problèmes de marche et de posture, la rigidité des membres ou encore des tremblements qui surviennent typiquement au repos. Il faut toutefois noter que la maladie de Parkinson ne présente pas seulement un désordre du mouvement. Des symptômes non-moteurs sont également présents et peuvent être aussi dérangeant, voire plus, que les troubles moteurs. Ainsi, la maladie s’accompagne par exemple de troubles cognitifs, de troubles du sommeil ou de l’attention ou encore de troubles neuropsychiatriques. On observe souvent qu’une grande majorité des patients développent une démence dix à quinze ans après le diagnostic. De nombreux patients sont aussi atteints de dépression par exemple.
Quand peut-on poser un diagnostic ?
La maladie de Parkinson est insidieuse car elle débute bien avant son diagnostic mais auparavant aucun symptôme n’est facilement observable. A posteriori nous savons que les patients ont pu avoir dans leur phase asymptomatique de la constipation, des troubles de l’odorat, et pour certains d’entre eux des troubles du sommeil. Parmi ces derniers, la présence d’un trouble du comportement en sommeil paradoxal est synonyme de fortes chances de développer la maladie de Parkinson. Ce trouble est caractérisé par le fait de bouger pendant ses rêves, ce qui est anormal car un mécanisme cérébral empêche de faire des mouvements durant ce moment. Il faut noter que ce ne sont pas tous les patients parkinsoniens qui ont eu ce trouble avant d’être diagnostiqués avec la maladie. Cependant, ceux qui l’ont eu ont de fortes chances de développer la maladie ou de la démence à corps de Lewy dans les dix prochaines années.
Quels sont les traitements à disposition ?
On ne peut pas encore guérir de la maladie de Parkinson. Il y a cependant différents traitements pour atténuer les symptômes et aider les personnes vivant avec la maladie à améliorer leur qualité de vie. Entre les cinq et les dix premières années après le diagnostic on parle d’une étape « lune de miel ». Durant cette période, les patients reçoivent des médicaments dopaminergiques pour traiter les symptômes moteurs. La maladie est alors bien contrôlée ce qui permet aux personnes parkinsoniennes d’être indépendantes. Cependant ces médicaments finissent par créer des effets secondaires sur le long terme.
Pour les stades avancés de la maladie, les médicaments peuvent être directement injectés à travers l’estomac ce qui permet d’avoir un taux de dopamine plus constant que s’ils étaient pris par voie orale. Une opération est également possible, il s’agit de la stimulation profonde. Un pacemaker est placé dans une région profonde du cerveau et va venir compenser l’activité des circuits endommagés par le manque de dopamine. Ces interventions sont généralement efficaces mais nécessitent de bien sélectionner les patients au préalable car ce sont des procédures invasives.
La maladie de Parkinson est-elle liée au vieillissement ?
Dans la majorité des cas la maladie de Parkinson est liée au vieillissement naturel. En général les premiers symptômes apparaissent vers l’âge de 60 ans. Cependant, il existe aussi des cas de personnes malades entre 40 et 50 ans voire même avant 30 ans ! On parle dans ce dernier cas de Parkinson juvénile. C’est par exemple le cas de l’acteur Michael J. Fox qui a été diagnostiqué à l’âge de 29 ans.
Quels travaux de recherche menez-vous sur cette maladie ?
Mes travaux portent spécifiquement sur les symptômes non moteurs de la maladie de Parkinson, comme les problèmes cognitifs ou neuropsychiatriques. J’essaie à l’aide de la neuroimagerie, en particulier l’IRM anatomique et fonctionnelle, d’identifier les patients qui ont le plus de chance de rapidement développer une démence. Je cherche également à savoir -en collaboration avec Dr Alexandru Hanganu, chercheur au CRIUGM- si les symptômes neuropsychiatriques peuvent être annonciateurs de la progression du déclin cognitif. L’objectif étant de voir si un traitement de ces symptômes pourrait ralentir le déclin cognitif. Nous avons notamment démontré qu’aux mêmes étapes de la maladie, les patients avec des troubles cognitifs au début de la maladie présentaient une dégradation dans le cerveau plus rapide à travers le temps sur un suivi de 20 mois par rapport aux patients sans troubles cognitifs.
Je commence également un nouveau programme d’étude au CRIUGM en collaboration avec le Dr Pierre Rainville axé sur la douleur chronique qui est très commune dans la maladie et particulièrement dure à vivre pour les personnes parkinsoniennes. Nous essayons de comprendre si la manière de ressentir la douleur chronique pour les personnes vivant avec la maladie de Parkinson est similaire ou différente à des personnes souffrant de douleur chronique mais sans maladie de Parkinson. Cela consiste par exemple à comparer des personnes qui ont la maladie de Parkinson et un mal de dos à des personnes qui ont un mal de dos mais pas de maladie de Parkinson.
Entrevue réalisée par Brenda Pierucci, agente de communication